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  • Photo du rédacteurValérie Gillet

La santé mentale n'attend pas



Hier, ma tatoueuse a publié un message sur son compte Instagram.


Elle se débat avec un burn out et chaque tentative de reprise est prématurée. Or, un long arrêt de travail signifie qu'elle perd des client.e.s et que d'autres doivent attendre avec un dos, une jambe ou un bras à moitié tatoué.


Pourtant, le flot de soutien montre à quel point les mentalités ont évolué.


Lorsque j'étais enceinte de ma fille il y a 16 ans, j'ai souffert de surmenage aigu. Mon employeur me surchargeait de travail, partant du principe que puisque j'étais la plus jeune project manager du département, j'étais la plus résiliente, grossesse ou pas.


À sept mois, après trois semaines d'arrêt ordonné par ma gynécologue, inquiète face à mes signes de prééclampsie, j'ai repris le travail.


J'ai expliqué à mon supérieur que jusqu'à mon accouchement, je refusais de faire des heures supplémentaires et de prendre le relais sur les projets des autres PM en congé.


Il n'a pas compris. Il n'imaginait pas qu'une femme enceinte de 7 mois ne pût travailler 12 heures par jour. À ses yeux, je reviendrais à de meilleurs sentiments dès mon bébé accouché.


Il n'en a rien été. J'ai tiré sur la corde jusqu'à ma délivrance avec une hypertension de titan et un stress incommensurable.


J'ai fait une dépression post-partum qui n'a été prise au sérieux ni par mon conjoint, ni par ma famille, et certainement pas par mon employeur, qui a vu d'un mauvais oeil ma demande de congé parental et mon retour à mi-temps pour lancer mon activité indépendante.


Je me suis débattue avec cette dépression durant des mois dans l'indifférence générale. À mon retour, mon employeur m'a donné une charge de travail de temps plein à accomplir à mi-temps.


Quelques mois plus tard, je donnais ma démission pour me lancer comme freelance à temps complet.


Quant à mon ex-conjoint, après m'avoir quittée en me traîtant de folle, il a passé les 14 années suivantes à se débiner de ses obligations paternelles tout en critiquant tout ce que j'ai accompli en tant que mère et en m'accusant de le voler.


Mais peu importe. J'ai appris à prendre soin de ma santé mentale et à me protéger suffisamment pour pouvoir fonctionner sans devoir m'arrêter durant un laps de temps prolongé malgré les rechutes.


Car voyez-vous, les mères célibataires n'ont pas le luxe de dire stop, au risque de se retrouver sous les ponts avec leurs enfants à danser les claquettes pour quelques pièces de monnaie.


Alors, la prochaine fois qu'une personne explique qu'elle ne peut vous tatouer, faire votre déclaration d'impôts, garder vos enfants, vous préparer à manger, traduire votre texte, bref accomplir un travail pour vous parce que la dépression la paralyse et qu'elle doit prendre le temps de se soigner, faites comme les client.e.s de ma tatoueuse : inondez-la de bienveillance et soyez patient.e.


Votre tatouage attendra, sa santé mentale pas.

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