Ma vie ressemble à une toile de Chagall... en vachement moins poétique.
J'adore Chagall pour plein de raisons. C'est l'un des artistes dont l'oeuvre m'émeut le plus.
La poésie, la fantaisie, le rêve, l'utilisation non conventionnelle de codes et de symboles conventionnels...
Tout cela parle à mon moi rêveur et artistique. Et à ma vie, qui utilise des codes conventionnels de manière non conventionnelle.
Mais quand j'ai revu ses toiles hier à la Piscine de Roubaix, c'est surtout le bordel et la surcharge d'éléments qui m'ont parlé.
J'aimerais beaucoup avoir une vie plus apaisée, organisée, rationnelle et prévisible. Le souci, c'est que ma vie est une composition de Chagall, et que c'est moi qui suis supposée être la cheffe d'orchestre d'un enchevêtrement inextricable de facteurs et d'événements incontrôlables, imprévisibles et souvent abracadabrantesques.
S'il est intéressant de mettre un peu de piment dans son quotidien, il est exténuant, voire insupportable à long terme, de passer 100% de sa vie à éteindre des incendies et gérer des situations inopinées.
Lorsque c'est vous qui êtes sans cesse à la manoeuvre, cela finit par vous vider de toute énergie et vous contraint à être en permanence en mode danger/sauvetage/urgence/défense.
État mental qui devient constant et que votre entourage ne comprend bien entendu jamais, car lui ne doit jamais prendre la main puisque c'est de vous seul(e) qu'on attend gestion, constance, résultats, solutions et, on ne va pas se mentir, perfection.
Être la ou le chef(fe) désigné(e) par la vie, ce n'est pas une sinécure, même si de l'extérieur ça peut être beau comme un Chagall.
Il est temps de se rendre compte qu'on ne peut jamais faire que du mieux qu'on peut étant donné les circonstances et que notre entourage est en droit d'attendre de nous que l'on remplisse nos nombreux devoirs au mieux de nos capacités, mais pas que l'on accomplisse miracle sur miracle sous le prétexte qu'il n'y a que nous qui soyons à même de comprendre et régir cette composition incompréhensible et inrégissable.
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